Le parcours des échantillons biologiques
dans les coulisses de l’hôpital

Introduction

Que deviennent les biopsies, frottis, tumeurs…prélevés sur les patients ? Ils permettent de diagnostiquer un éventuel  cancer et d’orienter les traitements, mais sont aussi essentiels à la recherche. Découvrez le parcours de ces précieux échantillons à travers cette exposition de photographies prises en juillet 2017 aux services de pathologie net de biologie des tumeurs, ainsi qu’au Centre de Ressources Biologiques du CHU de Bordeaux.

Des patients partenaires

Ce projet résulte de la rencontre entre des médecins des services de pathologie et de biologie des tumeurs, et le groupe ASPERON & Co (Associations et Patients Engagés pour la Recherche en Oncologie & Communauté professionnelle) initié par le SIRIC BRIO. L’objectif est de proposer un regard artistique sur les « travailleurs de l’ombre » que sont les médecins anatomopathologiques et biologistes moléculaires, et leurs équipes.

Cette exposition a été présentée pour la première fois au cours de la soirée grand public « ce fragment de nous qui reste à l’hôpital… regards croisés entre médecins, chercheurs, patients et public » le 12 octobre 2017, Station Ausone, Bordeaux, dans le cadre des journées de Pathologie Moléculaire Bordeaux-Porto et de la Fête de la science.

Laure Bousseaud – Photographe

Née en 1990 en région parisienne, Laure Bousseaud développe très tôt un goût immodéré pour l’art dans des domaines aussi variés que la peinture, la musique, ou l’écriture.

Après des études de design, elle part autour du monde en quête d’aventures et de nouvelles expériences. Son attrait de l’océan, depuis son plus jeune âge, la conduit à faire une halte plus importante en Nouvelle-Zélande, pour l’écriture de son premier roman.

Ses différents voyages ayant éveillé son intérêt pour la photographie, elle entreprend une année de formation intensive dans ce domaine à son retour en France. Elle s’installe à Bordeaux et elle ouvre en 2014 une galerie d’art consacrée à la photographie.

Parallèlement à cela, elle développe une activité de photographe professionnelle en se spécialisant dans le portrait, la photo Lifestyle et la photo de mise en scène.

www.laurebousseaud.com

Expo-Photo

L’expo-photo a été inaugurée lors de la soirée grand public du 12 octobre 2017. Elle a été présentée dans différents lieux bordelais et nous réfléchissons actuellement à la manière de la rendre itinérante.

Si vous souhaitez présenter l’exposition d’une manière ou d’une autre, contactez-nous !

Arrivée de l’échantillon dans un pot rempli de formol  (1)  ou à l’état frais  (2).
Le formol évite la dégradation de l’échantillon et conserve le prélèvement intact.

Enregistrement   (3) : tous les prélèvements qui arrivent sont enregistrés par un numéro identifiant unique et la conformité entre la feuille de prescription du médecin (clinicien ou chirurgien) et l’échantillon reçu est vérifiée.

L’état frais reçu au laboratoire rapidement (en moins de 30 minutes) permet de congeler le prélèvement  (4)  pour faciliter sa coupe en vue d’un examen immédiat (examen extemporané) ou d’une conservation dans un congélateur à -80°C pour l’analyse de l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique) et/ou de l’ARN (Acide RiboNucléique) qui sont détruits en partie par la fixation au formol.

L’examen extemporané permet de dire très rapidement (en moins d’1/4 d’heure) au chirurgien (le malade étant endormi) si la tumeur est un cancer ou non. De plus le chirurgien veut savoir s’il a bien retiré la tumeur en totalité. Ces éléments seront essentiels pour la poursuite de l’opération.

Le résultat de cet examen est communiqué en urgence, par téléphone, par le médecin anatomopathologiste au chirurgien  (5). En cas de doute diagnostique, d’autres échantillons peuvent être envoyés. Le fragment vu en extemporané sera ensuite fixé dans le formol et analysé après technique classique.

Les échantillons fixés (après 24 à 48h dans le formol), sont mis en entier (si petites biopsies) ou recoupés en petits fragments pour rentrer dans des boites en plastique ajourées : des cassettes   (6).

Macroscopie    (7 ): le choix des fragments mis en cassettes doit être judicieux et dépend de chaque pièce opératoire. Cette étape est indispensable pour toutes les pièces opératoires qui ne peuvent pas être analysées en totalité au microscope du fait de leur taille.

C’est une étape essentielle car ce qui n’est pas bien analysé macroscopiquement ne le sera pas au microscope. Le technicien et le médecin de macroscopie observent à l’œil nu, palpent et découpent au scalpel la pièce opératoire, selon certaines règles bien définies pour chaque pièce. Ils repèrent les zones d’intérêt (pour typer le cancer et donner des éléments pour son pronostic), prélèvent et mettent en cassette les différentes zones qui seront observées au microscope. Le diagnostic final dépend de cette analyse conjointe macroscopique et microscopique. Le reste de la pièce (non mis en cassettes) est gardé jusqu’à finalisation du diagnostic.

Déshydratation et inclusion en paraffine   (8) : les échantillons mis en cassettes doivent être durcis pour pouvoir être coupés en tranches très fines. Toutes les molécules d’eau du prélèvement sont donc remplacées par des molécules de paraffine en faisant passer l’échantillon dans différents bains de produits (solutions successives contenant de plus en plus d’alcool, Xylène, puis paraffine chaude). Finalement, l’échantillon est imprégné (ou inclus) de paraffine.

Microtomie  (9)  : cette étape consiste à couper le bloc de paraffine en tranches très fines qui sont ensuite déposées sur un bain marie et étalées sur une lame de verre. Ce travail nécessite une grande dextérité de la part du technicien de laboratoire. Il conditionne la qualité de l’interprétation diagnostique des lames qui seront observées par transparence au microscope, après avoir été colorées.

Coloration HES  (10)  : toutes les lames (recouvertes du prélèvement coupé au microtome) sont colorées à l’HES (Hématéine colore en bleules noyaux des cellules, Eosine colore en rose les cytoplasmes des cellules et Safran en jaune le tissu conjonctif de soutien). Cette étape est automatisée. Une très fine lamelle de verre est ensuite collée par-dessus pour protéger le prélèvement.

Interprétation diagnostique au microscope par le médecin anatomopathologiste  (11)  : comme le radiologue interprète une image radiologique, le médecin interprète l’image microscopique en fonction du dossier clinique du patient et de l’examen macroscopique de l’échantillon. Il va ainsi proposer un diagnostic, donner des éléments pronostiques et dire si la tumeur a bien été enlevée en totalité.

Immunohistochimie  (12)  : dans certains cas, la coloration HES n’est pas suffisante pour permettre un diagnostic et des techniques complémentaires sont nécessaires. Il s’agit de colorations spéciales ou de techniques d’immunohistochimie (basée sur la reconnaissance spécifique de deux molécules entre-elles : réaction antigène-anticorps) qui repèrent la présence et la localisation d’un type de molécule ou d’une molécule particulière dans l’échantillon.

Le diagnostic du médecin anatomopathologiste (13)  fait l’objet d’un compte-rendu transmis au clinicien. Ce compte-rendu, qui est obligatoire pour la prise en charge thérapeutique du patient, sera discuté en Réunion de Concertation Plurisdisciplinaire (RCP).

Tumorothèque et blocothèque sanitaire  (14 ): l’ensemble des échantillons prélevés (congelés et inclus en blocs de paraffine) ainsi que les lames (photo) qui ont permis l’analyse sont gardés dans la tumorothèque et blocothèque sanitaire pour la congélation et dans des archives de blocs et lames (30 ans de conservation dans le secteur public, 10 ans dans le secteur privé).

Biologie moléculaire  (15)  : pour certains cancers un fragment de l’échantillon qui arrive au laboratoire d’anatomopathologie est envoyé en suivant au laboratoire de Biologie des Tumeurs pour analyse moléculaire et/ou cytogénétique. Ces analyses peuvent être utiles au diagnostic ou pour orienter le choix du traitement. En effet, il existe actuellement des traitements ciblés pour certains types de tumeur, qui ne peuvent être efficaces que si la tumeur est porteuse de l’anomalie moléculaire ciblée par le médicament (thérapies ciblées). Il est donc important de rechercher cette anomalie pour ne pas traiter par excès un patient qui n’en bénéficierait pas.

Ces photos sont la propriété de BRIO. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez les utiliser.

 

Monde de la recherche et CRB cancer

Certains cancers font l’objet de travaux de recherche dans les universités, les hôpitaux ou les centres de recherches régionaux. Les chercheurs ont besoin de travailler sur des échantillons de cancer bien caractérisés sur le plan clinique, anatomopathologique et moléculaire.

Il existe des « centres de ressources biologiques, CRB » au CHU et au Centre de Lutte Contre le Cancer  (16). Ces collections sont mises en place en accord avec les cliniciens et en « requalifiant » les échantillons existants. La requalification ne peut se faire que si le patient a signé un consentement écrit et si le médecin anatomopathologiste sélectionne les blocs d’intérêt, tout en conservant des blocs de tumeur qui pourraient être utiles au patient pour sa prise en charge thérapeutique en cas de rechute.

Ainsi les travaux de recherche réalisés grâce au consentement d’un patient peuvent être bénéfiques par la suite à d’autres patients.

Contact
Nathalie Caplet

nathalie.caplet@siric-brio.com

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